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Gravure

Les gravures sur bois ont l'avantage de faciliter l'impression de la musique polyphonique et des signes complexes. La première gravure sur bois de page entière de musique est le Musices opusculum de Nicolaus Burtius, elle est imprimée par Ugo de Rugerius en 1487 à Bologne. Elle représente aussi la première impression de musique polyphonique (cf. figure 1.3).

Figure: première gravure sur bois de musique polyphonique, Nicolaus Burtius, 1487, (source :[26])

Les premiers graveurs sur métal sont allemands et italiens et se servent de burins pour repousser le métal : il semble que le hasard soit à l'origine des découvertes faites à Florence en 1450 par Masofinigerra permettant de reproduire sur parchemin l'empreinte des rayures et des sillons. La plus ancienne gravure sur planche de cuivre, appelée taille-douce en France et niello en Italie, datée avec précision, est un recueil de canzonetti appelé Diletto Spirituale et édité à Rome par Simone Verovio en 1586 (en figure 1.4). Elle reproduit la calligraphie manuscrite de l'auteur sur une plaque de cuivre, comme s'il s'agissait encore d'un dessin travaillé au burin [19].

Figure: première gravure sur métal, Simone Verovio, Rome 1586, (source : [26])

Au XVIème, et surtout au XVIIème siècle, la production musicale (notamment en France) se fait plus importante. Les graveurs codifient leurs signes et abandonnent le burin qu'ils manient depuis un siècle pour fabriquer des poinçons dont l'extrémité est gravée en relief. Utilisant leur nouvel outil comme un percuteur pour entamer le cuivre ou l'étain, ils travaillent ainsi plus vite car le poinçon marque son signe de façon immédiate et régulière.

Au cours du XVIIIème siècle, le graveur frappe davantage de signes car les partitions s'enrichissent d'ornements et ne pratique la taille-douce que pour les liaisons rythmiques et les coulés de phrasé, ainsi que les barres de mesures et les queues de notes. L'impression requiert toujours la presse. Les signes s'embellissent au fil des ans, les clefs s'amincissent, tandis que des symboles nouveaux comme le double dièse apparaissent. La grande diversité des poinçons facilite le travail du graveur qui frappe tous les signes à l'exception des liaisons, les portées étant rayées au tire-lignes [32].

L'impression, depuis la première presse à bras s'améliore : divers procédés voient le jour dès la fin du XIXème siècle : la lithogravure, permettant le report des planches sur la pierre pour ne point altérer l'original, l'héliogravure utilisant un cylindre pour imprimer à la chaîne, le système Diazo, employant l'ammoniac. Ces nouvelles techniques d'impression, et en particulier l'offset datant du milieu du XXème siècle, facilitent la reproduction à grande échelle de tous les documents, rendent plus aisés leurs manipulations et leurs stockages et favorisent le développement de la similigravure qui substitue la feuille de calque à la planche de métal. Le copiste, lui, n'utilisera pas le poinçon mais la plume métallique afin de travailler plus rapidement et réaliser les parties séparées de l'orchestre dont l'effectif depuis Berlioz et surtout depuis le post-romantisme, atteint des dimensions inconnues jusqu'alors. Le copiste transcrit la musique à la plume et à l'encre de Chine dans un geste qui rappelle de façon lointaine l'enluminure et les miniatures des artistes du Moyen Âge.


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Nabil Bouzaiene 2000-07-12