La graphie musicale majoritairement employée aujourd'hui en édition repose sur des signes fixés au XIXème siècle, selon les critères esthétiques et les moyens techniques en vigueur à l'époque. Pourtant, les musiques écrites antérieurement n'utilisaient pas cette notation, et les musiques postérieures ne cessent d'en déplorer les limitations. S'il est admis que l'esthétique d'un caractère typographique doit s'accorder avec le sens du texte qu'il véhicule, la question n'a été posée pour la notation musicale que très récemment [23]. Jusqu'à présent, le coût élevé de la gravure des partitions, aggravé par un marché restreint, ne permettait pas d'y répondre, mais à l'heure où ce procédé onéreux est remplacé par des ordinateurs bon marché, des signes musicaux différenciés peuvent enfin être proposés.
La notation musicale actuelle est issue à la fois du système neumatique médiéval et des alphabets grecs et romains. La forme des signes musicaux s'apparente à la famille typographique des Didones, caractéristique du XIXème siècle [41]. La clef de sol, avec sa sortie en goutte, ses pleins et ses déliés très contrastés, est emblématique de l'époque à laquelle sa forme se stabilise (voir figure 1.5). De même, les indications de nuances, qui apparaissent à la fin du XVIIIème siècle, (p, f et leur multiplication), sont issues d'un Bodoni italique, à peine modifié par le passage du plomb au poinçon.
La complexité de la partition, l'ensemble des difficultés techniques et, sans doute, la conception musicale contemporaine de la révolution industrielle, ont induit une géométrisation des signes. Ces caractéristiques formelles se sont vues renforcées par l'informatique, toujours prompte à n'utiliser que des lignes du premier et du second degré, et à fragmenter ce qui est conçu d'un seul geste.
Avant de traiter les problèmes spécifiques de la mise en page ou d'aborder le partage de documents, il est nécessaire d'améliorer la qualité du tracé des signes graphiques élémentaires et de permettre l'utilisation de plusieurs polices de caractères. fig:didot
