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Historique

On a commencé à s'intéresser à l'impression de la musique par ordinateur au début des années 60. La notation musicale avec ses aspects à la fois mathématiques et linguistiques représentait un véritable défi pour les musiciens utilisant l'ordinateur [40].

Rapidement, on s'aperçut que la notation musicale ne s'automatiserait pas aisément : ce qu'un graveur ou un copiste manipule semblait impénétrable en termes mathématiques. De plus, les ordinateurs de l'époque étaient lents et coûteux. Cependant, un travail de base important fut fourni, en particulier dans le développement des langages de codage de la musique : le code Plaine and Easie, de Barry S. Brook et DARMS (Digital Alternate Representation of Musical Scores) de Stefan Bauer-Mengelberg sont encore utilisés de nos jours. Les premières tentatives réussies d'impression automatique de la musique datent de cette époque : un projet de l'université de l'Illinois rassemblant L. Hiller, R.A. Baker, R. M. Oliver et C. Effinger utilisait une machine à écrire électrique reconstruite selon le principe du MusicWriter d'Effinger, équipée d'une unité de perforation de papier. La carte perforée était lue par un ordinateur ILLIAC qui utilisait des procédures mathématiques pour effectuer l'alignement et la justification et produisait finalement une nouvelle carte perforée. Cette carte était introduite dans l'unité de lecture du MusicWriter et la page de musique correctement formatée sortait automatiquement.

Armando Dal Molin suivit la même ligne de recherche et produisit les premiers résultats commerciaux. Ce système se transforma en Musicomp (1977), un ordinateur muni de deux claviers (un pour la hauteur, un autre pour les symboles alphanumériques ou musicaux) et d'un écran où apparaissait la musique.

Dans les années soixante-dix, un grand nombre de projets reposant sur des ordinateurs dédiés naquirent dans les universités : Scan-Note de Mogens Kjaer ainsi que le système de Thomas Hall sont utilisés aujourd'hui dans les maisons d'édition musicale. SCORE de Leland Smith, SMUT de Donald Byrd et Oxford Music Processor de Richard Vendome datent aussi de cette époque et se retrouvent de nos jours sous forme de logiciels pour ordinateurs personnels. Ces trois derniers systèmes utilisent tous un clavier alphanumérique et permettent l'affichage de la musique à l'écran.

Tous les systèmes cités précédemment, auxquels on pourrait encore ajouter Amadéus de Kurt Maas et MEG (Music Editing and Graphics) de Marco et Diego Minciacchi, constituent la base des systèmes de codage et des algorithmes d'impression musicale contemporains.

Les années quatre-vingt ont vu l'arrivée de nouvelles technologies (ordinateur personnel, claviers MIDI, souris) rendant l'interface utilisateur plus convivial. Les développements les plus intéressants de cette décennie se trouvent dans l'IMS (Interactive Music System) de Lippold Haken et Kurt Hebel de l'université de l'Illinois et dans le système Mockingbird, de Severo Ornstein et John Maxwell du Xerox Research Parc. IMS est constitué d'un ensemble d'outils de recherche musicale ayant des applications en acoustique, en analyse, en composition, en musicologie et en impression de la musique. Les partitions peuvent être manipulées de manière algorithmique et saisies à l'aide d'un clavier MIDI ou bien d'un écran tactile. Le Mockingbird, aujourd'hui abandonné, utilisait un langage de programmation expérimental, le Mesa, et un ordinateur Xerox 1132, qui était aussi un prototype. Le projet, conçu pour le piano à deux mains, avait pour but de suivre un compositeur jouant sur un clavier et de transcrire les notes sur un écran haute-résolution : les notes étaient disposées sur la portée en fonction des touches jouées et de l'intervalle temporel entre elles. Puis, les mesures et les valeurs temporelles des notes étaient ajoutées à la souris à l'aide d'un menu à l'écran. Le programme effectuait finalement la mise en page de manière automatique et pouvait aussi rejouer la musique.

Aujourd'hui, la plupart des logiciels musicaux commercialisés concernent la musique populaire. Les trois techniques principales pour la saisie de données musicales sur ordinateur sont les codes alphanumériques, les claviers musicaux et la saisie à l'écran. Les codes alphanumériques étaient utilisés principalement dans les systèmes les plus anciens d'impression par ordinateur. Les critères d'ergonomie tels que rapidité de calcul, simplicité et accessibilité à un musicien novice en informatique étaient déjà extrêmement importants. Les codes Plaine and Easie et DARMS étaient tous deux de ce type-là. Les systèmes utilisant des claviers musicaux (généralement de type MIDI) permettent de saisir à la fois rythme et hauteur de manière conviviale et intuitive mais l'exécution doit être rigoureuse. De plus, ils doivent comprendre des algorithmes permettant de lever les ambiguïtés (comme entre un fa dièse et un sol bémol). Des systèmes intermédiaires, mi-code alphanumérique, mi-clavier musical, existent, tel Scan-Note. Finalement, les programmes permettant une saisie directement à l'écran sont implémentés sur des ordinateurs disposant d'une interface graphique sophistiquée. Certains effectuent un alignement et une mise en page automatiques comme Finale ou Nightingale, tandis que d'autres, comme NoteWriter ou Encore, permettent l'ajout de symboles à n'importe quel endroit de la page, ce qui peut être utile aux compositeurs contemporains mais ne résulte pas toujours en une mise en page satisfaisante.


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Nabil Bouzaiene 2000-07-12