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Les logiciels
Introduction
Tous les éditeurs de partitions musicales (ou presque) utilisent
l'informatique, mais de grandes différences séparent les
logiciels existants actuellement et d'ailleurs même la comparaison
est impossible dans certains cas (cf. (11)
). De ce fait le premier problème à résoudre est de
définir des critères pour les apprécier objectivement,
autrement dit "Qu'est ce qu'un bon logiciel de notation musicale ?",
Doit-on considérer le prix comme critère de comparaison ?
etc.
A cause de toutes ces questions, le but de ce chapitre n'est pas d'établir
un palmarès des logiciels de notation musicale, mais plutôt
d'essayer en premier lieu de classer ces logiciels par leurs approches,
en second lieu de comprendre leurs représentations de la partition
et enfin de chercher leurs éventuelles lacunes ou particularités.
Historique
On a commencé à s'intéresser à l'impression
de la musique sur ordinateur au début des années 90. La notation
musicale avec ses aspects à la fois mathématiques et linguistiques
représentait un véritable défi pour les musiciens
utilisant l'ordinateur.
Rapidement, on s'aperçut que la notation musicale ne s'automatiserait
pas aisément : ce qu'un graveur ou un copiste manipulait facilement
semblait impénétrable en termes mathématiques. De
plus, les ordinateurs de l'époque étaient lents et coûteux.
Cependant, un travail de base important fut fourni, en particulier dans
le développement des langages de codage de la musique : le code
Plaine and Easie, de Barry S. Brook et DARMS ("Digital Alternate
Representation of Musical Scores") de Stefan Bauer-Mengelberg sont
encore utilisés de nos jours. Les premières tentatives réussies
d'impression automatique de la musique datent de cette époque :
un projet de l'université de l'Illinois rassemblant L. Hiller, R.A.
Baker, R. M. Oliver et C. Effinger utilisait une machine à écrire
électrique reconstruite selon le principe du MusicWriter d'Effinger,
équipée d'une unité de perforation de papier. La carte
perforée était lue par un ordinateur ILLIAC qui utilisait
des procédures mathématiques pour effectuer l'alignement
et la justification et produisait finalement une nouvelle carte perforée.
Cette carte était introduite dans l'unité de lecture du MusicWriter
et la page de musique correctement formatée sortait automatiquement.
Armando Dal Molin suivit la même ligne de recherche et produisit
les premiers résultats commerciaux. Ce système se transforma
en Musicomp (1977), un ordinateur muni de deux claviers (un pour la hauteur,
un autre pour les symboles alphanumériques ou musicaux) et d'un
écran où apparaissait la musique
Dans les années soixante-dix, un grand nombre de projets reposant
sur des ordinateurs dédiés naquirent dans les universités
: Scan-Note de Mogens Kjaer ainsi que le système de Thomas Hall
sont utilisés aujourd'hui dans les maisons d'édition musicale.
SCORE de Leland Smith, SMUT de Donald Byrd et Oxford Music Processor de
Richard Vendome datent aussi de cette époque et se retrouvent de
nos jours sous forme de logiciels pour ordinateurs personnels. Ces trois
derniers systèmes utilisent tous un clavier alphanumérique
et permettent l'affichage de la musique à l'écran.
Tous les systèmes cités précédemment, auxquels
on pourrait encore ajouter Amadéus de Kurt Maas et MEG ("Music
Editing and Graphics") de Marco et Diego Minciacchi, constituent la
base des systèmes de codage , et des algorithmes d'impression musicale
contemporains.
Les années quatre-vingt ont vu l'arrivée de nouvelles technologies
(ordinateur personnel, claviers MIDI, souris) rendant l'interface utilisateur
plus convivial. Les développements les plus intéressants
de cette décennie se trouvent dans l'IMS (Interactive Music System)
de Lippold Hakken et Kurt Hebel de l'université de l'Illinois et
dans le système Mockingbird, de Severo Ornstein et John Maxwell
du Xerox Research Park. IMS est constitué d'un ensemble d'outils
de recherche musicale ayant des applications en acoustique, en analyse,
en composition, en musicologie et en impression de la musique. Les partitions
peuvent être manipulées de manière algorithmique et
saisies à l'aide d'un clavier MIDI ou bien d'un écran tactile.
Le Mockingbird, aujourd'hui abandonné, utilisait un langage de programmation
expérimental, le Mesa, et un ordinateur Xerox 1132, qui était
aussi un prototype. Le projet, conçu pour le piano à deux
mains, avait pour but de "suivre" un compositeur jouant sur un
clavier et de transcrire les notes sur un écran haute-résolution
: les notes étaient disposées sur la portée en fonction
des touches jouées et de l'intervalle temporel entre elles. Puis,
les mesures et les valeurs temporelles des notes étaient ajoutées
à la souris à l'aide d'un menu à l'écran. Le
programme effectuait finalement la mise en page de manière automatique
et pouvait aussi rejouer la musique.
Aujourd'hui, la plupart des logiciels musicaux commercialisés concernent
la musique populaire. Les trois techniques principales pour la saisie de
données musicales sur ordinateur sont les codes alphanumériques,
les claviers musicaux et la saisie à l'écran. Les codes alphanumériques
étaient utilisés principalement dans les systèmes
les plus anciens d'impression par ordinateur. Les critères d'ergonomie
tels que rapidité de calcul, simplicité et accessibilité
à un musicien novice en informatique étaient déjà
extrêmement importants. Les codes Plaine and Easie et DARMS étaient
tous deux de ce type-là. Les systèmes utilisant des claviers
musicaux (généralement de type MIDI) permettent de saisir
à la fois rythme et hauteur de manière conviviale et intuitive
mais l'exécution doit être rigoureuse. De plus, ils doivent
comprendre des algorithmes permettant d'éviter certaines confusions
(comme entre un fa dièse et un sol bémol). Des systèmes
intermédiaires, mi-code alphanumérique, mi-clavier musical,
existent, tel Scan-Note. Finalement, les programmes permettant une saisie
directement à l'écran sont implantés sur des ordinateurs
disposant d'une interface graphique sophistiquée. Certains de ces
programmes possèdent une "intelligence" et effectuent
un alignement et une mise en page automatiques comme Finale ou Nightingale,
tandis que d'autres, comme NoteWriter ou Encore, permettent l'ajout de
symboles à n'importe quel endroit de la page, ce qui peut être
utile aux compositeurs contemporains mais ne résulte pas toujours
en une mise en page satisfaisante.
Classement des logiciels d'édition
de partitions musicales
Classer les différents logiciels en différentes familles
n'est pas chose simple, mais on peut déjà donner trois critères
(cf. tableau ci-dessous):
-
Il est possible de séparer les logiciels à approche graphique
(exemple : Berlioz, Lime, NoteWriter, Finale, Encore etc.) des logiciels
à approche plutôt textuelle (exemple : MusicTex, Score etc.).Ces
derniers montrent aussi la partition qu'ils traitent, mais c'est l'échange
avec l'utilisateur qui peut être qualifiée de textuel. Les
logiciels graphiques utilisent, en général, des interfaces
dites interactives, ou "WYSIWYG" (What You See Is What You Get),
et ont de toutes façon une approche plus agréable.
-
Un deuxième critère (un peu flou car la limite n'est
pas bien définie), consiste à séparer les logiciels
donnant une liberté totale à l'utilisateur, des logiciels
imposant un contrôle sur le contenu de la partition. Les premiers
sont, généralement, des programmes rapides mais demandent
à l'utilisateur une vigilance extrême (comme sur une feuille
de papier, sauf qu'il faut avoir l'habitude). Les deuxièmes se veulent
"assistants" de l'utilisateur, et sont donc de gros logiciels
assez lourd à manipuler.
-
La dernière séparation est plus importante qu'on pourrait
le croire à premières vue : elle consiste à séparer
les logiciels ayant une interface MIDI (ou n'importe quelle autre entrée/sortie
permettant l'écoute de la musique), de ceux n'en ayant pas. Les
premiers ne permettent d'éditer que ce qu'ils peuvent jouer, imposant
ainsi à la partition une limite extra-éditoriale. Alors que
les deuxièmes n'imposeront que des limites typiquement ( ex: notes
qui se superposent, alignement impossible etc.)
En réalité, tous ces critères se mêlent et aboutissent
à une synthèse donnant la tendance générale
du logiciel.
Les gros programmes destinés aux professionnels qui ont la particularité
d'être robustes et d'avoir une très bonne qualité d'impression
(bonne résolution), ont aussi le soin du détail. Finale et
Nightingale en sont les meilleurs représentants. Le deuxième
-malgré sa fluidité- n'arrivant toujours pas à faire
tout ce que fait le premier, il est plus utile d'étudier Finale.
Construit sur le même esprit il y a aussi Berlioz mais comme celui-ci
est peu connu et qu'il n'est programmé que par une seule personne
(Frédéric Magiera) il mérite le détour. Et
enfin il y a Score qui même dans ses dernières versions paraît
assez "dépassé", mais qui donne quand même
des partitions d'une qualité exceptionnelle.
D'un autre côté il y a les logiciels réalisés
par un ou plusieurs scientifiques pour résoudre un problème
précis ou pour répondre à des besoins bien particuliers.
Les deux logiciels les plus représentatifs de cette famille sont
Lime et NoteWriter, mais comme le deuxième est un logiciel typiquement
graphique et que c'est pratiquement un logiciel de dessin, il n'a été
question que de Lime. MusicTex est une catégorie de logiciels à
lui seul, il a été créé par une personne (Daniel
Taupin) et vise exclusivement la famille des utilisateurs de Tex, il est
gratuit, et ouvert a toute proposition.
Il existe sûrement beaucoup d'autres logiciels, mais je n'ai pu tester
ou avoir des demos que des logiciels disponibles sur Macintosh, puisque
c'est la seule machine que j'avais dans le bureau. Cela étant dit,
je pense que les logiciels développés pour d'autres machines
doivent être analysables par ces trois critères.
D'un autre côté je n'ai pas du tout testé les parties
relatives à l'interface MIDI, et je me suis contenté de regarder
les parties graphiques des logiciels.
Catalogue
Environnement : Mac (2 MB, 020), MS-Windows (3.1, 4MB)
Prix : $ 749
Fabricant : Coda Music Technology
Caractèristiques :
Finale, est sans doute, le logiciel le plus répandu actuellement,
tout y est paramètrable (peut-être un peu trop). Ce grand
nombre de configurations possibles lui permet de convenir à un plus
grand nombre de personnes. Il donne une très grande liberté
en ce qui concerne la mise en page et les formes des symboles musicaux,
l'utilisateur peut définir ses propres symboles en donnant toutes
leurs caractéristiques (graphiques et musicales). De plus, il permet
pratiquement de "tout" faire (il suffit d'y passer le temps nécessaire).
Finale a aussi une bonne compatibilité avec le "look and feel"
de Macintosh dans ses menus déroulants, l'aide proposée et
ses boites de dialogues (même s'il y en a un peu trop). Mais d'un
autre côté Finale est souvent critiqué pour son approche
difficile et pour sa lenteur . En effet, il manque beaucoup de vitesse
et de fluidité (il suffit de compter le nombre de "clics"
qu'il faut pour placer une note sur une portée -cf. (11)).
Il est aussi très difficile d'insérer ou de dupliquer et
la justification donne des résultats incompréhensibles spécialement
pour les partitions d'orchestre. Finale, peut, sans aucune gêne,
imprimer des mesures où des notes qui se chevauchent, avec la même
largeur de mesure pour une ronde que pour 16 double croches. Et enfin,
Coda (fabricant de Finale) ne veut plus des formats standards (alors qu'elle
était parmi les premiers participants au projet NIFF), et lance
son propre format ENIGMA .
Finale est un programme très robuste, il donne de très belles
partitions, mais son utilisation est très délicate. Il faut
passer beaucoup de temps à apprendre à s'en servir, et beaucoup
de temps à taper sa partition. Finale vise les professionnels de
l'édition, il n'est pas conçu pour être un outil pratique
de tous les jours, mais pour finaliser un travail déjà achevé.
Je tiens à remercier Melle Agnès Dufour (copiste), pour sa
patience, et pour m'avoir expliqué le fonctionnement de Finale.
Environnement : PC (Dos 3.2, 1MB, 80286), Next
Prix : $ 825
Fabricant : San Andreas Press (Leland Smith)
Caractèristiques :
Score est un logiciel très ancien. Son plus gros inconvénient
est son interface : il n'a pratiquement pas d'approche graphique. Les initiés
n'utilisent que les commandes textuelles (la manipulation de la souris
"complique les choses"). Score traite la partition comme une
suite (ou un ensemble) de lignes (de systèmes), il fait une assez
bonne justification mais sur une seule ligne de partition. Aussi, l'insertion
est impossible : pour insérer une note, il faut lui faire de la
place et il ne faut surtout pas compter sur la souris pour sélectionner
une partie de la page.
Mais d'un autre côté, Score permet une très grande
précision, il est possible de déplacer une note au millimètre
près. Et, par rapport aux autres programmes, il ne prend pas beaucoup
d'espace disque ni de place mémoire. D'ailleurs, on ne peut travailler
que sur une page de partition à la fois, ce qui oblige à
sauvegarder une partition en plusieurs fichiers.
J'ai pu tester et connaître Score grâce au compositeur Joshua
Finneberg, il m'a accueilli chez lui, m'en a fait une démonstration,
et m'a expliqué les problèmes qu'il rencontrait; je tiens,
donc, à le remercier.
Environnement : Mac
Prix : entre 2000 et 4000 FF
Fabricant : SARL Dominique Montel
Caractèristiques :
Berlioz est très peu connu, mal commercialisé et surtout,
il est pratiquement impossible de trouver sa trace au niveau international.
Et pourtant, il est celui qui respecte le mieux les traditions des typographes
et des graveurs. Il est partagé en trois parties, une partie pour
la saisie, une partie pour la mise en page et le découpage , et
enfin une dernière étape pour la gravure et les petites retouches.
Berlioz n'est pas un logiciel, mais bien trois logiciels séparés.
Ce qui est tapé à la saisie est sauvegardé dans un
fichier. Ce dernier est ensuite relu par la mise en page, qui va y apporter
ses contributions (nombres de mesures par ligne, nombre de lignes par page
etc.), avant de sauvegarder le résultat dans un deuxième
fichier. Tout à la fin vient la gravure, où on peut faire
des modifications très limitées.
Dans le cas d'une partition orchestrale, Berlioz ne sait pas aligner les
différents instruments. Mais, et c'est son grand avantage, il permet
une saisie relativement rapide .
Je remercie Mme Catie Hurel (Centre de Musique Baroque de Versailles),
pour m'avoir consacré toute une matinée à me montrer
Berlioz.
Environnement : Mac (2 MB, 020)
Prix : $ 295
Fabricant : Lippold Haken et Dorothea Blostein
Caractèristiques :
Lime est un logiciel assez "simple", son interface graphique
n'est pas très au point, mais son approche est aisée. On
devine immédiatement que le but de ce logiciel n'est pas de faire
de la concurrence aux géants du marché, mais plutôt
d'apporter des idées nouvelles et de répondre à des
besoins bien spécifiques(cf. (9)).
Il permet entre autres de manipuler des micro-intervalles, de placer des
barres de mesures sur une ligne de portée indépendamment
des autres lignes et d'insérer des dessins réalisés
à l'aide d'autres logiciels (Finale le permet aussi). Mais d'un
autre côté il ne donne pas beaucoup de possibilités
de visualisation (que trois zooms possibles), et n'autorise pas les insertions.
Il n'existe que deux moyens d'entrer une partition sur Lime, soit à
travers MIDI, soit en utilisant la souris et le petit clavier dessiné
sous la partition. On peut remplir une page de partition "d'un seul
coup", il suffit, soit de spécifier le nombre de mesures par
ligne (système) et le nombre de lignes par page, soit de donner
un paramètre de "densité de notes". Le programme
se charge de tout le reste, et surtout, de la justification. Il utilise
un algorithme très semblable à l'algorithme de Knuth (cf.
(11)) pour le texte. Le seul problème
est qu'il ne justifie que sur une ligne (mais il est très difficile
de demander plus pour le moment).
Et enfin les partitions imprimées par Lime (même sur des imprimantes
de très haute résolution) ne sont pas d'une qualité
exceptionnelle (finesse du trait, esthétique générale
etc.).
Pour tester Lime, j'ai téléchargé une version de démonstration
à ftp://datura.cerl.uiuc.edu/pub/lime.
Environnement : Mac (4 MB), MS-Windows (4MB, 16 MHz)
Prix : $ 595
Fabricant : Passport Designs
Caractèristiques :
Il est possible de placer une note sur une portée avant de lire
le manuel de l'utilisateur, et c'est la grande particularité d'Encore
: son interface est très "intuitive". Les symboles musicaux
sont directement accessibles sur des palettes graphiques et l'édition
se fait essentiellement à travers les menus. Encore n'essaye pas
de tout faire (au niveau graphique), mais présente bien toutes les
possibilités qu'il offre. Il permet aussi, à l'aide de quelques
outils simple de dessin, de personnaliser les symboles et de rajouter des
dessins (ce qui peut être utile pour certains musiciens contemporains).
Mais le plus grand reproche qu'on puisse faire à Encore est son
approche trop graphique de la partition, d'ailleurs la justification y
est totalement absente, et il donne l'impression de traiter un dessin.
Pour tester Encore, j'ai téléchargé une version de
démonstration à http://www.passportdesigns.com/download/encmacd1.sea.hqx.
Environnement : Tex
Prix : gratuit
Fabricant : Daniel Taupin
Caractèristiques :
MusicTex est un ensemble de Macros Tex permettant d'éditer des partitions
musicales. Pour cela des formats de pages et des polices de caractères
plus adaptés ont été créés. Malgré
la bonne justification que permet MusicTex, son utilisation reste réservée
aux adeptes de Tex, d'ailleurs la saisie est similaire à la saisie
du texte sous Tex.
MusicTex permet d'entrer des partitions d'orchestre (jusqu'à 9 voix)
D'un autre côté MusicTex, comme Tex pour le texte, oblige
l'utilisateur à saisir ses notes dans un environnement textuel,
très différents de la partition résultante ce qui
ne facilite absolument pas l'approche de ce programme. Enfin, MusicTex
ne pourra jamais fonctionner sur des petites machines sachant l'espace
disque dont a besoin Tex pour ses différentes polices, fontes etc.
Je n'ai pas vraiment testé MusicTex, je l'ai tout simplement installé,
étudié sa documentation. Mais j'ai quand même pu voir
des exemples de partitions tapées avec.
Conclusion
On a vu qu'il existe des logiciels plus ou moins complets et plus ou moins
complexes. Il y en a qui reproche à ces logiciels le défaut
de tous les adolescents : "Ils croient tout savoir " (cf.
(12)), c'est à dire qu'il croient deviner ce que veut faire
l'utilisateur, et "corrigent" par eux même la partition,
ou déplace toute une mesure quand on déplace une note, ou
détecte des erreurs dans la partition, alors que le compositeur
y a mis des années de sa vie etc.
Ë ce niveau la décision est très délicate, soit
préférer les logiciels qui traite la partition comme un vulgaire
dessin et qui laisse donc une liberté totale, soit avantager et
développer des logiciels de plus en plus "connaisseurs"
de la musique et pourquoi pas avec un certain "goût", et
qui vont décider à la place de l'utilisateur. Ces deux possibilités
étants inimaginables, on se dirige naturellement vers des logiciels
de plus en plus complexes, qui vont demander le choix de l'utilisateur
après et avant chaque étape de l'exécution et ou il
faudra donner un nombre insupportable de paramètres pour entrer
une note. Ils reste, cependant, la possibilité de demander à
tous les musiciens d'être informaticiens, et de développer
eux mêmes l'application personnalisée qu'il leur faut (cf.
(16) (17)).
Dans cet état d'égarement total, il faut que la partition
regarde et suive l'exemple de son cousin éloigné (même
s'il est différent): le texte. L'édition du texte est plus
simple que l'édition de la partition, mais il n'est pas inutile
de s'en inspirer. Les premiers traitement de texte qui ont "réussi",
sont ceux qui ont avantagé la fluidité, la facilité
d'utilisation sans pour autant permettre des choses aberrantes (comme placer
les mots les uns sur les autres), ensuite il y a eu les premières
tentatives de justifications, d'alignement etc. , et après avoir
maîtrisé tout cela, on voit naître les correcteurs d'orthographes,
de style ou de grammaire. Mais dans ce domaine (le texte) l'évolution
a été facile, puisqu'elle a suivi l'évolution du matériel
et des ordinateurs. En musique, et à cause de l'évolution
relativement tardive, les processeurs et les capacités mémoire
existants, permettent déjà une grande capacité de
calcul; on est alors naturellement tenté de tout réussir
du premier coup, et en une seule fois.
On peut effectivement tout réussir assez rapidement, mais pour cela
il aurait fallu qu'il n'existe pas de marché, de concurrence etc.
De ce fait, il n'existe pas de logiciel conçu pour avoir une approche
facile, la plupart des programmes donne la priorité au résultat
au prix d'une interface souvent incompréhensible. D'un autre côté
une grande partie des programmes existants cherche à permettre la
saisie, l'édition et l'impression des documents, mais aussi l'écoute
de la musique (via MIDI, ZIPI etc..), des arrangements et des manipulations
jusqu'au contenu même des partitions. Ce qui conduit à beaucoup
de restrictions et de contraintes, puisque, et c'est logique, on ne pourra
éditer que ce qui peut être jouer par le logiciel. Le programme
entre ainsi dans des considérations de temps réel, de temps
virtuel etc. et en oublie son rôle essentiel (l'édition).
Il est nécessaire que le programme soit "intelligent",
et qu'il "comprenne" ce qu'il est entrain de faire (la plupart
des graveurs sont de très bons musiciens); mais il faut qu'il mette
cette intelligence au service de l'édition sans essayer de tout
faire, et un module d'édition, peut très bien communiquer
avec un autre module de gestion de l'interface MIDI, un autre module d'impression
et ainsi de suite. Un logiciel intelligent est celui qui a une bonne représentation
interne du document, et bonne ne veut pas forcément dire complexe,
mais une représentation basée sur la structure de la partition
(et non pas de la musique) (cf. (2)).
Pour la petite histoire : J'ai vu une étudiante à l'IRCAM,
écrire sa partition à la main, alors que je l'avais déjà
vu plusieurs fois taper des partitions sur Finale. Quand je lui ai demandé
la raison, elle a répondu : "Oui...mais ça c'est important..et
je dois le rendre demain..."
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Nabil Bouzaiene,1995-09-02