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    Normes de description des partitions musicales 

    Introduction 

    Le passage du support papier au support électronique a bouleversé le domaine du livre. Ainsi le monde de l'édition rejoint-il d'autres secteurs d'activités où l'on gère une masse importante d'informations structurées, comme ceux de l'édition d'annuaires, de dictionnairesou de recueils juridiques.En stockant les données sous forme électronique on peut envisager de multiples produits à partir d'un même document source. Ainsi peut-on, à partir d'une collection d'adresses, non seulement produire un annuaire-papier, mais aussi développer un service interrogeable sur Minitel, sur Internet, ou sur CD-ROM, voire imprimer automatiquement une série d'étiquettes. Toutes ces applications supposent que l'information n'est pas gardée sous une forme correspondant à celle d'un document imprimé particulier, mais de telle façon que sa structure logique soit clairement mise en évidence. 

    Mais l'évolution de la partition musicale reste encore très loin de celle du livre "classique". En effet, jusqu'au début des années 90, le seul moyen de communiquer une partitionétait le papier et il n'existait pas de norme ou de standard permettant la description d'une page departition musicale. Pourtant, le monde de l'édition professionnelle était déjà informatisé, mais l'échangede fichiers n'était pas possible entre les différents logiciels.Il existait bien des normes de codage audio ou de description de la musique (comme MIDI), maiselles ne correspondaient pas à la description graphique du document, et ne pouvaient donc pas jouer le rôle de standard d'échange entre les différents logiciels de notation.Depuis, suite à une demande de plus en plus pressante de la part des compositeurs et des musiciens, deux standards sont nés: SMDL et NIFF.Ces deux standards, bien que conçus pour répondre au même besoin, sont très différents; le butde ce chapitre est de montrer ces différences, et de tenter un pronostic sur leur avenir. 

    SMDL : (Standard Music Description Language) 

    Historique 

    La première tentative SMDL  était de définir un document SGML avec un DTD (Document Type Definition) pour la musique. La première version, en 1988, était très incomplète; toutefois, cet essai de structurer un document musical a considérablement contribué à l'extension de l'SGML au HyTime (Hypermedia/Time (ISO/IEC 10744:1992)). Celui-ci étant un standard de représentation des relations entre les documents, plusieurs éléments de son architecture ont été directement inspirés par des concepts musicaux. Après l'acceptation de HyTime comme un standard international, il était normal de retourner vers SMDL, et d'en faire un document HyTime. Mais avant d'y arriver,HyTime lui même a subi beaucoup de modifications.En Juillet 1995, la notion de meta-DTD est rajoutée à HyTime. Un meta-DTD peut décrire une architecture en fonction d'un certain nombre d'architectures de bases. 

    Par conséquence, SMDL a été développé avec ces nouveaux concepts; sa dernière version de Juillet 1995 consiste en une architecture dérivée de Hytime. Le meta-DTD de SMDL définit les ressources, qui peuvent être utilisées dans un document SMDL. Un DTD dérivé du meta-DTD d'SMDL définira ainsi un document musical, qui ne pourra contenir que ces ressources.Une nouvelle version est pratiquement achevée, et devrait être adoptée par l'ISO comme un standard international, avant la fin de 1996. 

    Les domaines logique, visuel gestuel et analytique 

    En SMDL, un document est divisé en quatre domaines: 
    • Le domaine logique : (cantus) 
    Cantus ne représente que les informations qui ont un rapport directe avec la musique elle même, et non avec la manière dont elle apparaît sur la page. Par exemple, une note fait partie du Cantus, alors qu'une clef n'en fait pas partie. En fait, Cantusest souvent défini comme "ce qui est entendu", il ne contiendra donc pas les polices de caractères ou les informations de mise en page. 
    • Le domaine visuel 
    Il utilise les mécanismes de liaison de HyTime, pour lier le document à un format externe, soit un fichier "bitmap" (SPDL, GIF, JPG, BMP etc...), soit un fichier musical (SCORE, FINALE, SIBELIUS, NIFF etc..); ce qui permettra de représenter toutes les informations graphiques. 
    • Le domaine gestuel 
    Le domaine gestuel concerne une exécution particulière d'un cantus, comme un fichier MIDI, il contiendra moins d'informations que le domaine logique et ne gardera que les information relatives à l'écoute( pas le timbre, mais les critères à ce sujet sont très vagues pour l'instant). 
    • Le domaine analytique 
    Il concerne les commentaires généraux du morceau, tout ce qui n'est pas directement lié à l'oeuvre en elle même.En fait, c'est le seul domaine qui n'utilise pas les informations contenues dans le Cantus, il y fait seulement référence. 

    En conclusion, un document SMDL pourrait contenir un cantus, un ou plusieurs liens à des formats graphiques (un fichier NIFF, par exemple), et un ou plusieurs liens à des formats d'exécution (MIDI, par exemple). 

    En utilisant SMDL, une information multimédia peut être associée et synchronisée avec la musique, bien que les deux parties soient codées et notées différemment, avec des liens différents. 

    Pour un exemple détaillé en SMDL voir (4) 

    Projets utilisant SMDL 

    • MLF: (Music Library of the Future) 
    C'est un projet canadien (université MacGill), visant à implémenter une bibliothèque musicale virtuelle, accessible au public sur Internet. Il sera possible de jouer n'importe quel type de fichier audio, MIDI, MPEG. 
    • Cantate: (Computer Access to NoTAtion and TExt in music libraries) 
    C'est un projet européen, qui devrait permettre à un utilisateur, via un terminal, d'accéder à un catalogue de fichiers musicaux. Il pourra les auditionner (MIDI), les imprimer (format désiré) et même commander l'enregistrement (CD). Le système s'occupera de faire payer l'utilisateur, et de verser les droits d'auteurs. 

    NIFF : (Notation Interchange File Format) 

    NIFF est un format de fichiers pour l'échange de données de notation musicale entre les différents programmes et applications d'édition. Son architecture est la combinaison du travail de plusieurs concepteurs de logiciels, d'éditeurs et même d'utilisateurs. 

    NIFF a été une réponse au besoin des professionnels de l'édition, qui souffraient de l'absence d'un format standard d'échange de fichiers de notation musicale. MIDI ne code qu'un aspect de la musique, et ne traite pas tous les autres aspects (graphiques par exemple). SMDL n'était pas encore achevé et de toute façon allait être trop lourd pour être opérationnel tout de suite.NIFF a donc été projeté pour être une combinaison des deux formats existants à l'époque: Score et DARMS, tout en conservant une grande extensibilité et compacité. Les concepteurs de NIFF voulaient un format valable, solide et surtout en un minimum de temps possible. 

    Historique 

    Le projet NIFF a débuté en Février 1994 par un accord entre des représentants des plus grands concepteurs de logiciels musicaux: Passport Designs (concepteur d'Encore), San Andreas Press (Score), Coda Music Technology (Finale), Musitek (MidiScan) et TAP Music Systems/Music Ware (Note Scan). Mais cette liste n'a cessé de croître incluant des éditeurs, des graveurs, des chercheurs etc. 

    En Janvier 1995, Coda quitte le projet pour publier son propre format ENIGMA.Coda a été remplacé (comme sponsor financier) depuis. 

    Structure 

    NIFF utilise les règles architecturales de RIFF. Dans les fichiers RIFF, les données sont regroupées en sous-groupes ("chunks"), qui peuvent être à leur tour ordonnés en liste; chaque sous-groupe ou liste contient toutes les informations concernant sa propre longueur et sa propre structure. Ë chaque niveau du document, une définition logique spécifie les éléments nécessaires et les éléments optionnels. Dans NIFF, un type supplémentaire de données à été ajouté, les étiquettes ("tags"). Elles permettent d'accéder à des éléments optionnels à un niveau donné. 

    RIFF est un format binaire, mais il est possible de définir un fichier RIFF complet en représentation ASCII. 

    NIFF considère la représentation musicale en trois parties : logique, graphique et flux MIDI. La partie graphique a encore été divisée en deux parties :une contenant les informations de mise en page et de positionnement et une autre contenant le reste des informations.Une application donnée peut, à partir d'un document NIFF, soit utiliser directement toutes les informations, y compris les informations graphiques; soit les ignorer et utiliser ses propres normes de présentation tout en récupérant les informations logiques et de flux MIDI; soit trouver une solution intermédiaire, c'est-à-dire utiliser ses propres normes en tenant compte des informations graphiques contenues dans le document.Dans le format NIFF, il n'y a aucune restriction sur les notations utilisables; c'est à l'application terminale de savoir s'adapter, et essayer d'interpréter tous les types de notations qu'elle peut rencontrer dans un document NIFF.Pour la représentation des fichiers NIFF, c'est le format Motorola (Macintosh) qui va être utilisé. Cependant le format NIFF sera traduisible et pourra être transféré entre différentes plates-formes. Les programmeurs de NIFF disent que ce format ne sera jamais utilisé exactement comme tel, mais qu'il sera constamment modifié, étendu etc. pour s'adapter à chaque application.Les fichiers NIFF peuvent contenir des programmes PostScript, qui définissent des polices de caractères ou des symboles spéciaux. 

    Pour un exemple détaillé d'un document décrit en NIFF voir ftp://blackbox.cartah.washington.edu/pub/NIFF 

    Conclusion 

    Dans le domaine de la notation musicale, comme partout ailleurs, la standardisation informatiquepasse par deux écoles différentes. D'un côté il y a les grandes organisations internationales qui vontréunir un groupe de scientifiques, et leur demander d'étudier la faisabilité, d'établir un cahierdes charges, de concevoir et enfin d'élaborer un standard. Et d'un autre côté il y a les industriels qui vont essayer de répondre à un besoin économique, et qui vont donc élaborerle plus vite possible un standard très approximatif, qui même s'il ne marche pas entièrement, permettraitd'expérimenter. 

    SMDL fait partie de la première école, il est complet, il code non seulement les aspects graphiquesde l'oeuvre, mais aussi tous les aspects visuels, sonores etc. (il peut même utiliser NIFF pour les informations graphiques). Mais c'est un standard "lourd", et d'une manipulation trop ardue. NIFF fait partie de la deuxième, il est court, simple,mais assez incomplet, et devra attendre sa énième version pour être au point. Mais de toute manière, avecle soutien des industriels, il peut se permettre un certain temps de mise en route. 


     
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    Nabil Bouzaiene,1995-09-02