Un des aspects les plus importants de l'interface d'un éditeur partagé est la conscience
de l'action du reste du groupe. En d'autres termes un participant donné doit se rendre
compte de l'action d'un autre. Il pourrait ainsi éviter de faire la même action au même
temps, ou encore pire d'annuler l'action qu'un autre est en train de faire. Les applications
partagées existantes utilisent un certain nombre de procédés pour informer chaque
participant des actions des autres. En voici quelques exemples :
- L'utilisation de l'écho graphique : certains collecticiels comme GroupDesgin
[28], utilisent des icônes spécifiques pour faire comprendre à un participant
qu'un objet donné est en train d'être changé par un autre participant. Cette fonctionnalité
est surtout utile pour les actions nécessitant un certain temps comme le
redimentionnement ou le déplacement d'un objet. De plus ils utilisent des animations
graphiques pour éviter l'effet surprenant et donc dérangeant de l'action d'un autre
utilisateur. Ainsi, un rectangle va apparaître ou se déplacer graduellement à l'écran.
- Le verrouillage : il existe deux catégories de verrouillage, le verrouillage que nous
qualifions d'explicite, c'est-à-dire celui qui interdit à deux utilisateurs d'agir au même
endroit de la page. Le verrouillage que nous qualifions d'implicite est celui qui consiste à
compter sur la bienveillance du participant. Avec des signes graphiques comme le
procédé du nuage de Grove [14] l'interface différencie l'endroit où l'action
d'un utilisateur a lieu, pour que les autres évitent par eux-mêmes d'y toucher.
- L'établissement d'un canal Audio/Vidéo : pour augmenter le degré d'interaction entre
les différents participants, il est utile de mettre en place une connexion audio, vidéo ou
les deux. La mise en place d'un tel système n'est un avantage dans le cadre de l'édition
partagée que lors d'une d'une session à deux utilisateurs : s'il y en a plus, ce procédé
peut introduire une certaine confusion.
- L'utilisation des couleurs et de l'historique : certains collecticiels utilisent des couleurs pour différencier les objets créés par chacun des participants. De plus ils permettent généralement de consulter un historique de la création des objets pour répondre à la question qui a fait quoi ?
La plupart des procédés classiques cités ci-dessus sont inadaptés à l'édition musicale. La première raison est le degré très élevé d'interdépendance de presque tous les objets graphiques présents sur la page. Il est donc très difficile d'établir des règles de propriété comme : tel objet appartient à tel participant. De plus il est souvent nécessaire de recalculer toute la page suite à une action aussi élémentaire que la suppression d'une note. Dans ce cas il est préférable de ne pas essayer de garder un historique de la page.
Par ailleurs une partition musicale est un flux très complexe mais reste un flux. C'est-à-dire qu'elle progresse généralement par un seul endroit, contrairement à une application de dessin, où il est possible d'ajouter un rectangle en bas à droite de la page alors qu'un autre participant ajoute un cercle en haut à gauche.
Nous avons cependant implémenté certains procédés visant à simplifier l'interaction
entre les différents utilisateurs.